M. Fouad Brini, Président du Groupe Tanger Med, a été convié à participer à la 47ème session de l’Académie du Royaume du Maroc tenue entre le 24 et le 27 Mai sous le thème « La Méditerranée comme horizon de pensée ». Un thème qui a rassemblé plusieurs académiciens, penseurs et chercheurs venus d’une quinzaine de pays, afin d’adresser les interrogations soulevées par les transformations économiques, écologiques, géopolitiques et culturelles qui animent l’espace méditerranéen.
Il a ouvert la 4ème séance de l’événement le 26 Mai au sein d’un panel constitué d’économistes, d’anthropologues, et d’universitaires traitant de la dimension économique et sociale en Méditerranée et des projets de développement en son sein. M. Fouad Brini est intervenu au sujet de la position de la Méditerranée au sein des routes maritimes mondiales. Considérant cet espace comme une véritable carrefour civilisationnel, il a rappelé que la Méditerranée était une ligne de contact unique entre l’Europe et l’Afrique, mais aussi entre l’Orient et l’Occident. Il a indiqué qu’elle avait vu se évelopper, il y a des millénaires, les premières routes maritimes, fruit d’une réalité commerciale, qui encore à ce jour, rythment nos économies et nos modes de vie.
Il a ensuite évoqué le rôle de la mondialisation venue accroître le poids du commerce maritime dans les échanges mondiaux, s’élevant aujourd’hui à 90% de l’ensemble des volumes du commerce mondial. Il a mentionné trois leviers clés qui ont participé, à partir des années 1960, à intensifier les échanges mondiaux, notamment par voie maritime. D’abord le pétrole qui a fait évoluer les systèmes de transport. Ensuite le conteneur, une boîte métallique banale, venue révolutionner le commerce mondial et propulser la part du transport maritime dans les échanges mondiaux, grâce à des atouts indiscutables en matière de productivité, de massification des volumes et d’intermodalité. Il a également abordé l’émergence de la puissance manufacturière des pays d’Asie qui a accéléré le phénomène de mondialisation et appuyé la place prépondérante du commerce maritime.
Il a évoqué le rôle des détroits méditerranéens et du canal de Suez, lieux stratégiques qui ponctuent les routes maritimes et permettent aux armateurs un gain de temps considérable. Il a rappelé que la Méditerranée concentrait trois des huit passages stratégiques mondiaux et 20% du commerce maritime mondial.
Outre ces points de rencontres incontournables, M. Fouad Brini a indiqué que la Méditerranée s’était imposée comme lieu de passage obligé des routes maritimes mondiales ayant favorisé le développement de hubs industrialo-portuaires qui assurent la connexion avec la terre, et sur lesquels s’appuient les compagnies maritimes pour transborder leurs marchandises et réaliser leurs opérations d’imports-exports. Le projet Tanger Med, né de la vision du Roi Mohammed VI, est devenu, en l’espace de quelques années, un hub industrialoportuaire et logistique leader en Méditerranée, contribuant à hisser le Maroc au rang des grandes nations maritimes mondiales.
Le Président a par ailleurs évoqué les crises traversées depuis 2019, les incertitudes engendrées, et les questions soulevées quant au positionnement futur de la Méditerranée au sein des échanges maritimes. Il a rappelé les défis qu’il fallait relever afin de garantir une résilience des chaînes d’approvisionnement ainsi que leur durabilité.
Il a également évoqué les enjeux géopolitiques mais aussi industriels et logistiques, nouveaux éléments de souveraineté des économies. Un paradigme nouveau apparaît : la relocalisation de la production à proximité des centres de consommation qui pourrait positionner la Méditerranée comme un bassin de compétitivité pour l’Europe à partir de l’Afrique.
Il a également signalé l’enjeu environnemental en rappelant que le commerce maritime représentait une part importante des émissions à effets de serre mondiales. Il a évoqué la course engagée à la décarbonation par l’industrie et par le Shipping avec des objectifs de neutralité carbone à horizon 2050. Il a également soulevé les opportunités qu’une telle transition pouvait engendrer et notamment l’émergence de nouveaux hubs d’approvisionnement en énergie propre en Méditerranée, à même de reconfigurer les relations Nord-Sud.
Enfin, il a évoqué le rôle central de la digitalisation et de la Data dans le maintien des chaines d’approvisionnement. Un rôle confirmé par des leaders du e-commerce comme Amazon ou Alibaba dotés d’une maitrise de la Data leur permettant de construire une réelle avance en matière de logistique et d’offres door-to-door. Il a indiqué en guise de conclusion que la maitrise des échanges passait il y a quelques temps par le leadership maritime, mais qu’aujourd’hui déjà, et certainement demain, cette maitrise sera aux mains de ceux qui contrôlent et exploitent la Data.